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Comment avoir le mental en paix dans le sport ?

lundi, Déc 01

Comment avoir le mental en paix dans le sport de haut niveau ?

Il faut savoir que ma particularité, c’est d’avoir commencé le sport de haut niveau sur le tard. Cela signifie que je ne cherche pas à être validée ni à découvrir qui je suis à travers le sport. J’ai déjà roulé ma bosse et je me suis construite dans mes vies antérieures.

Je considère donc le sport comme un moyen de m’exprimer, de briller, d’avoir des escapades durant lesquelles je peux exposer mon travail. Je vois mes entrées en scène comme des opportunités.

La peur de l’échec

J’essaie de percevoir ce qui m’arrive dans le sport comme un “plus”, et non comme quelque chose de sanctionnable en cas d’échec. Je réalise d’ailleurs que ce mindset repousse aussi la possibilité d’échouer.
Et lorsque j’échoue, je choisis d’y voir une opportunité pour devenir plus forte.

En 2021, alors qu’en mars je décroche l’argent sur 3000 m en salle lors de ma première sélection, je sais que les Jeux de Tokyo me tendent les bras. Mais je me blesse pendant l’hiver et j’ai du mal à me remettre sur pied pour Tokyo. À ce moment-là, c’est clair pour moi : je préfère reculer pour mieux sauter. Je me promets de ne pas participer aux Jeux avec un risque de m’abîmer, et que je serai à Paris 2024 dans la meilleure forme de ma vie.
La suite, vous la connaissez. Mais je l’écris quand même, parce que cela mérite réflexion : à Paris, je termine 4e olympique et je franchis pour la première fois la barre des 9’00, signant le record d’Europe.

Des choix à moyen/long terme

J’ai toujours eu cette capacité à penser à moyen ou long terme plutôt qu’au court terme. Quand je suis en plein dilemme, je me demande : « Est-ce que mon choix s’inscrit dans du court terme ou du moyen/long terme ? »
Si c’est du court terme, je prends conscience que je suis probablement en train de répondre à une émotion. Et les émotions, comme la motivation, ça va, ça vient. Ce ne sont que des pulsions.

Pour vivre en paix sur le long terme, les choix que je fais me paraissent primordiaux. J’accorde donc beaucoup d’importance à mon mental, à la confiance et à la patience que j’ai en moi et en mes décisions. Cette petite boussole interne qui me guide…

Dans cet état d’esprit, j’ai aussi renoncé aux Mondiaux de Tokyo cette année. Après ma blessure aux Championnats de France, j’ai tiré un trait sur Tokyo. En lâchant prise, je me suis reconnectée à mon corps et à ce qu’il pouvait faire jour après jour. Jusqu’à pouvoir recourir à des rythmes intéressants, passer des barrières, remettre des pointes. Le plan physique avançait bien.
Mais mentalement, je ne serais jamais allée à Tokyo pour faire de la figuration. Je devais valider ma compétitivité. Au dernier moment, ce sont les exercices de rivière qui m’ont fait douter de nouveau. J’ai vu que la situation n’était pas suffisamment maîtrisée, qu’il y avait un risque pour la suite de ma carrière.
J’ai donc préféré renoncer, car je me projetais sur les années à venir, et je voulais éviter de répondre à une pulsion émotionnelle.

L’alignement avec soi

Après mon forfait, je me suis sentie d’une légèreté absolue. J’avais fait ce qui était bon pour moi, et non ce que l’on pouvait attendre de moi.
Beaucoup de personnes m’ont abordée avec empathie, avec du regret pour moi. J’ai été touchée, mais je me suis rendu compte que j’étais réellement heureuse, et que même si je n’étais pas là où j’avais prévu d’être, je me sentais bien et en paix, contrairement à ce que l’extérieur projetait sur moi.

Ne vous méprenez pas : aucun de vos proches n’a envie de vous voir courir en souffrance et finir dernière. Mieux vaut laisser sa place et revenir offrir un moment inoubliable lorsque votre heure aura sonné.

Les voyages forgent la jeunesse

Autre manière de forger son mental : mes voyages.
J’ai beaucoup voyagé jeune et pendant mes études. Après le bac, je suis partie à Londres chercher un travail de serveuse pendant six mois pour améliorer mon anglais, en toquant aux portes.
J’ai vécu aux États-Unis, en Allemagne, en Asie. J’ai traversé le Vietnam en moto, avec un scooter acheté 400 dollars à Hanoï et revendu 500 dollars à Hô Chi Minh. J’ai fait une dizaine de pays d’Asie en sac à dos, le Mexique, etc.

Vous imaginez bien que j’ai vécu des aventures rocambolesques, et je m’en suis toujours sortie. Je crois que mon mental d’acier s’est forgé là, quand j’avais soif d’aventure et que je trouvais une solution à tout.
Alors quand on transpose cela au sport et à l’adaptation permanente qu’il demande, honnêtement… ça ne me fait plus peur.

Je demande de l’aide extérieure

Je travaille aussi avec une coach mentale qui m’aide à comprendre qui je suis, comment je fonctionne, quelles sont mes motivations intrinsèques, celles qui font briller mon moi intérieur. Elle m’aide à comprendre mon environnement et à y trouver ma place.

Quelques heures avant la finale des Jeux, elle a eu un rôle essentiel. Alors qu’elle s’apprêtait à se rendre au stade, je l’appelle. Je lui partage les attentes de l’entourage, des fans, tous persuadés que je pouvais faire une médaille. Je sentais cette pression, comme si cet objectif n’était pas le mien.
Elle m’a recentrée sur moi et ce qui m’anime. J’ai écrit cette phrase sur ma main et je l’ai lue jusqu’à la chambre d’appel :

Un brin de folie

Une autre manière de me booster mentalement a été cette promesse : demander Bruno en mariage seulement, et seulement si, je descendais sous les 9’00.
Nous étions tous les deux d’accord pour faire des 9’00 le grand objectif de l’année. Le mariage… on n’en avait pas vraiment parlé (rires).
Mais je savais que c’était une condition sine qua non : à moins de deux tours de l’arrivée, en me reconnectant au pin que je portais sur le dossard, cela allait m’aider à aller chercher ce supplément d’âme.
(voir article “Demande en mariage”)

Mes piliers

Mes proches, mon staff, ma famille, mes amis sont mon ancrage. Sans eux, il n’y aurait pas d’aventure.
J’aime penser que j’ai une sacrée équipe derrière moi, qui me donne la force de tout donner dans le dernier tour pour leur offrir du spectacle et des émotions.

Pour eux. Pour nous.

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