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Ma rentrée à Paris sur Steeple : un ascenseur émotionnel

lundi, Juin 23

Un mélange de sentiments fait surface à l’issue de cette course de rentrée sur 3000m steeple. En 9’15, je suis passée de la déception à la fierté, en traversant une belle leçon d’apprentissage. Un chrono qui me soulage : les minimas sont validés. Mais au-delà du temps, c’est toute une histoire qui s’est jouée au fil des tours. Je vous raconte ce que personne n’a vu :

Le meeting de Paris s’annonçait électrique, comme souvent, et il n’a pas déçu. Le demi-fond français et international est en feu, et j’adore cette effervescence. Elle me pousse, elle m’inspire. 

Avec mon staff, on avait bien préparé ce premier objectif de la saison, avec un pic de forme ciblé pour cette fin juin.

Tout était en place. Je me sentais prête.

21h23, départ de ma course. Me voilà alignée aux côtés des meilleures mondiales. Cette saison, j’ai pour ambition de courir avec elles, vraiment. Terminé les courses de l’arrière où je n’existe que sur les derniers tours. J’ai envie d’être actrice, de me sentir au contact et de pouvoir jouer avec elles.  

Mais soyons honnête : Ce soir là, ce sont elles qui ont joué avec moi… et ça a duré deux tours (rires).

Au moment d’aborder la rivière, une athlète se déporte sur la trajectoire que j’avais anticipée. Je suis contrainte de sauter trop à droite. Je sens que la réception risque d’être dangereuse, en dehors de la fausse. Mon réflexe : m’arrêter. Aucune issue « safe » ne se présente à moi. Je franchis l’obstacle comme on enjamberait un muret, et je saute dans l’eau sans élan.

À ce moment-là, une seule pensée : remonter ! Mais une petite voix lucide me dit : « Attention, si tu fais l’effort maintenant, tu vas le payer plus tard. Patience. »

Alors je temporise. Et commence ce combat intérieur. Ma tête me crie : « Mais qu’est-ce que tu fais ? T’étais pas venue pour ça ! »

Je me reprends : « Tu vas jusqu’au bout. Va chercher des places. It’s not over until it’s over »

Et pourtant, la déception ne me lâche pas pendant les 2200m restants. Je me bats contre cette frustration de ne pas avoir pu montrer tout ce que j’ai travaillé. Je cours seule, et après un objectif que je ne comprend meme plus..

Puis soudain, je vois une lumière rouge me rattraper, je fais un rapide calcul grâce aux chronos que je vois sur les écrans et je comprends qu’il s’agit de la wave light des minimas mondiaux, fixée à 9’16. « OK. Cette lumière, maintenant, c’est ton lièvre. Tu restes avec elle, coûte que coûte. Tu ne franchis pas cette ligne sans les minimas. »

Je m’accroche, je relance. Dernière ligne droite, je reprends une place. Je termine 8e, et je marque un point, modeste mais précieux, pour la finale de la Diamond League — mon premier objectif de la saison — avec à la clé les minimas mondiaux, pour une seconde.

Ce que j’imaginais être une formalité s’est transformé en combat ce soir là. L’occasion d’une course pour retrouver mon humilité et me souvenir que en athlé rien n’est acquis.

La déception reste là : je n’ai pas pu exprimer tout ce que j’avais préparé. Tous les feux étaient au vert. Aucun pépin physique, aucune fatigue. L’envie était immense.Faire converger tout ça sur une course c’est ce que j’appelle l’art de l’entraînement et de le planification. Et sur ce point, je suis fière du travail de mon staff. C’est désormais une question de temps et d’opportunité pour que ça ressorte pleinement en compétition.

Ma dernière séance spécifique me laissait confiante :

– 500m plat en 1’24

– 1600m steeple en 4’51 (passage au 1000m en 3’02)

– 1200m steeple en 3’37 (passage au 1000m en 3’01)

– 800m steeple en 2’19

– et un dernier 500m plat en 1’22.

Je ressens aussi de la fierté. Celle d’avoir tenu, d’avoir trouvé des ressources mentales pendant 2200m. De m’être accrochée, d’avoir transformé la situation en quelque chose de positif, malgré la frustration grandissante à mesure que je voyais s’éloigner lla performance que j’ambitionnais.

Enfin, cette course a été riche d’enseignements. Vouloir courir avec les filles des hauts plateaux, c’est accepter une intensité différente dès le départ, et des effets de course que je ne maîtrise pas encore. Je dois affiner mes stratégies de placement, apprendre à me positionner sans gaspiller d’énergie, à gérer les contacts, surtout dans le premier kilomètre.

Aujourd’hui, le soulagement domine. Les minimas sont validés et j’ai pu retourner a l’entrainement avec un bon niveau de forme et sans blessure. Je vais pouvoir aborder la suite avec plus de liberté. Et je le sens : ce n’est que le début.

Je souhaite avoir une dernière attention envers le public, qui a été d’un grand soutien avant pendant et après la course, votre chaleur s’est fait sentir sur la piste. Merci ❤️

Photos : Rabah Houali / Eddy Khaou

RÉCEMMENT PUBLIÉ

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